Petits Déjeuners Design #6

Alexandre Echasseriau

10 février 2021 à 9:30

Alexandre Echasseriau a fondé Crafter Studio en 2016. Designer et touche à tout, ses projets mêlent savoir-faire, matériaux nobles et nouvelles technologies.

Dès l’enfance, Alexandre a développé un instinct de bricoleur et une passion pour la construction de cabanes. De Toulouse où il est né au Japon où il a grandi jusqu’à l’âge de 4 ans, il a pour habitude de se promener avec un petit marteau vert. En grandissant, Alexandre a investi une nouvelle aire de jeu : les décharges de Toulouse. Il y trouvait des objets qu’il assemblait.

Pour pratiquer sa passion du bricolage dans un environnement un peu plus encadré, il a intégré l’École Boulle pour un diplôme des métiers d’art, option Tournage d’Art. Une fois son diplôme obtenu, il s’est orienté vers l’ENSCI, très curieux des expérimentations. Très tôt, Alexandre a su qu’il avait besoin de travailler avec ses mains et dans un atelier.

Des projets en cascade

Physic Circus est le premier projet d’Alexandre à l’ENSCI. Accompagné par Julien Bobroff, il a conçu un petit cirque composé de miniatures pour permettre aux scientifiques de parler de la physique quantique et de supraconductivité.

Son projet Tryptic dont l’objectif était de moderniser un savoir-faire grâce à des transferts de technologies lui a permis de remporter l’Audi Talents Awards en design. Il a créé des objets décalés comme Marble Sound System, une enceinte acoustique en marbre dont la caisse de résonance fabriquée par un marbrier renvoie le son sur une lentille dont le traitement dichroïque est élaboré par un laboratoire d’optique.

En tant que lauréat du trophée Audi, il a conçu le trophée de l’année suivante : un silex en fonte d’aluminium, symbolisant l’outil originel et faisant écho à la démarche d’accompagnement  des Audi . Il crée également le trophée du Prix des Musiques à l’image : un objet hybride entre un pavillon de trompette et un objectif de caméra cylindrique, Alexandre a (re)appris de ce projet qu’il ne faut jamais perdre de vue la manière dont vont-être utilisés les objets créés.

Ce mélange des genres et d’innovation lui permet d’être repéré par des acteurs de l’industrie automobile. Intéressés par les dépôts dichroïques dans le cadre du prototypage d’une voiture, ils ont financé Alexandre pour qu’il les accompagne et travaille avec eux.

En collaborant en permanence avec des scientifiques, Alexandre finit par travailler dans le laboratoire de l’Institut Fresnel. Depuis un an, il collabore avec les scientifiques du laboratoire sur des objets leur permettant de parler de leur science et s’intégrant dans l’univers d’un laboratoire. Ils expérimentent sur des matériaux et utilisent les dépôts dichroïques pour créer des objets.

Inko, une housse d’Ipad intégrant un clavier dont le circuit imprimé est tatoué et un des trois projets de Tryptic lui permet de rencontrer les ingénieurs de la machine qui a servi à tatouer. C’est à la suite de cette rencontre qu’il va postuler et être finaliste au prix Émile Hermès avec Interactive Wallpaper. Le thème Jouer, lui a inspiré la création d’un papier peint imprimé avec de l’encre conductrice et sonorisé via un boîtier extérieur.

Le prix Émile Hermès est le dernier concours auquel il a participé mais pas le dernier à lui permettre de décrocher une nouvelle collaboration. Avec le Centre Pompidou cette fois. Alexandre s’est vu confier la conception de jeux et d’activités intégrant des innovations technologiques pour des ateliers avec des enfants. Il a entre autres créé des posters poilus et sonores dont les motifs ont été dessinés par Audrey Garel, une illustratrice. Les enfants peignaient sur des zones conductrices à l’encre noire et le poster était ensuite couvert de poils par une machine de flocage.

Pendant le confinement et toujours dans le cadre de sa collaboration avec le Centre Pompidou, Alexandre a créé douze vidéos d’animation en stop motion pour occuper les enfants. Cela lui a permis de sortir de la conception de produit et de prendre du plaisir à faire des vidéos mettant en scène des objets du quotidien.

Un atelier itinérant et roulant

De 2017 à 2020 il assure un projet de design industriel dans le pôle aviation de l’entreprise Daher à Tarbes et sa famille d’avion le TBM. En collaboration avec les équipes internes, il explore le design d’un avion dans sa globalité et se confronte à des enjeux techniques et business très forts. Cette expérience industrielle riche lui a permis de co-financer un Flying FabLab en partenariat avec ce client.

Pour que son atelier et ses machines ne soient jamais loin de lui, Alexandre a conçu Flying Fablab, un atelier roulant logé dans une tiny house. Cette maison en bois de 3,5 tonnes comporte 7 zones et 2 étages.

Actuellement, Alexandre est en résidence avec l’atelier Luma à Arles et développe plusieurs projets. La pluralité des sujets sur lesquels il travaille lui permet de ne pas être spécialiste dans un domaine et de constamment enrichir sa méthodologie. Dans son travail, le plus important pour lui est d’être sur le terrain et fabriquer des choses avec ses mains.

Cette année il débutera également une collaboration longue durée avec la fondation Rubis pour une mission basée à Madagascar. Il oriente cette mission sur la fabrication d’objets de premières nécessités fabriqués avec les ressources locales (principalement des déchets) grâce à des procédés hérités de ces expériences récentes.

En savoir plus